Mr Whisper détaille comment il transforme les rues de Londres en son propre studio personnel
« Avec mon style particulier, si quelqu’un ne comprend pas immédiatement la photo, je considère que j’ai fait mon travail », souligne Mr Whisper, photographe de rue établi à Londres. « Je ne veux pas qu’ils regardent la photo et se disent : “Oh, ce n’est qu’une personne qui marche dans la rue.” Je veux qu’ils soient curieux. Je veux inviter mes spectateurs à créer leur propre récit ou à avoir leur propre première impression. »
Cet amateur de faible luminosité s’est forgé son propre univers au cours de la dernière décennie, en cherchant à cadrer avec soin les moments de la vie quotidienne dans la capitale anglaise et en développant un style instantanément reconnaissable de photographie de rue nocturne.

S’initier à la photographie de rue
« Je n’ai jamais eu l’intention d’être photographe », confie Mr Whisper. « Je pensais que les appareils photo étaient trop techniques pour moi. Mais quand les smartphones avec appareil photo ont commencé à se développer et qu’Instagram est arrivé, Cela m’a permis d’être sur un pied d’égalité et de pouvoir raconter des histoires visuelles tous les jours, très simplement. »
Stimulé par le désir de créer, il a commencé à compiler des photos de la vie quotidienne telle qu’il la voyait dans le métro londonien. « Je me rendais au travail et, soudain, mon trajet ennuyeux s’est transformé en une aventure passionnante, où je cherchais à photographier des moments dans le métro. C’est vraiment ce qui a éveillé mon intérêt. J’ai été encouragé à continuer et j’ai passé environ un an à télécharger constamment des photos. »
Au fur et à mesure que son profil se développait, des emplois rémunérés et des offres de marque commençaient à émerger. Il s’est alors rendu compte qu’il avait besoin d’améliorer la qualité visuelle de ses photos.
« Je me suis dit : “Bon, je vais prendre la photographie au sérieux. Il faut que je m’achète un appareil photo digne de ce nom.” Alors, je suis allé en boutique avec un ami qui connaissait tout sur la photographie. Le gars du magasin a dit : “Vous savez, Fujifilm vient de sortir le FUJIFILM X-T1.” Dès qu’il l’a sorti, je me suis dit : “Waouh, c’est donc à ça qu’est censé ressembler un appareil photo.”

« Tout ce jargon que mon ami m’avait enseigné sur le triangle d’exposition prenait soudain tout son sens parce que je pouvais le voir sur les molettes situées sur le dessus de l’appareil photo. J’ai ressenti ce lien immédiat et j’ai adoré son aspect iconique et traditionnel. C’est ce qui marque le début de mon parcours dans le domaine de la photographie. »
Fidèle à la gamme X-T jusqu’à posséder le FUJIFILM X-T5, Mr Whisper reconnaît que la dimensions tactile de ces appareils photo l’a aidé à comprendre les concepts photographiques de base au début de sa carrière.
« En post-production, je pouvais clairement identifier les réglages que j’utilisais, puis je me disais : “Bon, pourquoi est-ce que c’est flou ? Ma vitesse d’obturation n’était pas assez rapide. Pourquoi est-ce autant pixélisé ? Ah, mon ISO était bien trop élevé.” Petit à petit, j’ai pu désactiver les réglages du mode automatique et contrôler manuellement l’exposition, en m’assurant que les photos que je produisais correspondaient bien à ce que j’avais en tête. »

Le jour et la nuit
« Au début, lorsque j’utilisais mon smartphone, si je voulais faire de la photographie de nuit, je devais faire de longues expositions à l’aide d’un trépied. J’avais l’impression que les résultats étaient toujours les mêmes », raconte Mr Whisper. « Je jetais un œil à mon portfolio photographique et je me disais qu’il devenait répétitif. »
Mais il a constaté que le fait de combiner un plus grand capteur d’un appareil APS-C à des objectifs à grande ouverture améliorait considérablement sa capacité de collecte de lumière.
« Lorsque j’ai eu le X-T1 en main, j’ai réalisé que je pouvais travailler la nuit tout le temps. Un tout nouveau monde s’ouvrait à moi. À ce moment-là, je me suis dit que peu de gens s’intéressaient à la photographie de rue nocturne et que j’allais peut-être essayer de conquérir ce terrain. »

Peu à peu, son look discret, parsemé de néons, a commencé à s’imposer.
« Je n’arrêtais pas de revenir sur mes photos, de retourner sur les lieux et de me demander : comment puis-je faire mieux ? Comment puis-je aborder cette scène et la rendre plus attrayante ?
« J’essaie de conserver mon style visuel et de me sentir à l’intérieur de l’appareil autant que possible. La seule chose à laquelle je veille lors du post-traitement est l’étalonnage des couleurs : je veux que les rouges soient mes rouges, que les bleus soient mes bleus. Pour le reste, c’est très simple : j’ajuste l’exposition pour m’assurer qu’elle est fidèle à ce que l’œil peut percevoir. »
Mais ce n’était pas toujours le cas. Mr Whisper admet qu’il a fallu du temps pour mettre au point cette légère touche de post-production.
« Pendant la première moitié de ma carrière, je commençais presque à peindre mes photos », se souvient-il. « Ne vous méprenez pas, j’ai adoré cela ; je pensais que cela faisait partie de ma photographie. Pour moi, la photographie, c’était 50 % avec un appareil photo, 50 % en édition. Maintenant, on peut dire que c’est 90 % de photographie et 10 % de post-production. Sinon, j’en fais trop et je fais des photos qui ne représentent pas ce que l’œil voit vraiment, qui sont un peu surréalistes. »

Ce changement de priorités s’est accompagné d’une réduction délibérée du nombre de photos qu’il prend en une nuit.
« Lorsque le FUJIFILM X-T3 est sorti et que vous pouviez utiliser deux cartes SD, je remplissais au moins une carte et demie. De nos jours, lorsque je sors, j’ai du mal à utiliser une batterie entière et à remplir une carte. Lorsque j’ai dans la tête une idée de cadre, j’y passe du temps et je m’assure que tout fonctionne comme je le souhaite. Si ce n’est pas le cas, je peux toujours revenir, sauf si je voyage, et passer plus de temps sur cette photo plus tard. »
Pour rester dans la course, Mr Whisper s’est efforcé d’essayer de nouvelles choses tout en restant fidèle au style visuel qu’il s’est forgé.
« En ce moment, j’essaie davantage le noir et blanc, la vitesse d’obturation lente à main levée et la photographie à la lumière du jour. J’essaie constamment d’apprendre, et je me mets toujours au défi de trouver un nouveau thème lorsque je sors.
« Je vais sortir ce soir et je vais me demander : “Que vais-je faire aujourd’hui ?” C’est important de planifier les choses : cela permet d’éliminer les bruits visuels et de se concentrer sur quelque chose. »

Choisir un appareil photo et un objectif pour la photographie de rue
« En ce moment, comme j’essaie de photographier davantage à la lumière du jour, j’utilise principalement le FUJIFILM X100VI », relève Mr Whisper. « J’adore le fait qu’il soit si petit. Au début, j’étais nerveux : après avoir utilisé le X-T5, je me suis dit : “Comment vais-je gérer un objectif fixe de 23 mm ?” Mais j’adore le fait que ce soit un jeu d’enfant. Tant qu’il est chargé et que j’ai préparé la carte SD, je suis prêt à partir explorer.
« Parallèlement, si je travaille de nuit, je préfère sortir avec mon X-T5, mon FUJINON XF56mmF1.2 R WR, qui est probablement mon objectif préféré pour la faible luminosité, et mon XF33mmF1.4 R LM WR.
« Le XF56mmF1.2 me permet d’obtenir les détails que j’aime dans ma photographie. Je cherche à créer différentes « couches » dans une image, donc si quelqu’un est assis derrière une fenêtre avec de la condensation, je sais que les gouttelettes sur la fenêtre sortiront très nettes.
« De même, si je veux obtenir quelque chose de plus contextuel, j’utiliserai le XF33mmF1.4 pour m’assurer que je ne me concentre pas uniquement sur mon protagoniste, mais que je capturerai davantage son environnement.

« L’un de mes principaux objectifs dans le domaine de la photographie, et c’est peut-être la raison pour laquelle j’ai été attiré par la photographie de rue, c’est de faire en sorte que tout soit aussi léger que possible. Lorsque j’ai commencé, je marchais avec un vieux grand sac à dos rempli de trois ou quatre objectifs. Toutes les cinq minutes, je me retrouvais à enlever mon sac à dos, à changer d’objectif et à rater le moment que je voulais photographier.
« Depuis, mon sac est devenu de plus en plus petit, au point que je ne sors plus qu’avec un seul objectif à la fois, car je veux rester le plus léger possible. Mon dos m’en remercie, et cela signifie que je ne rate aucun moment. Je ne me pose pas trop de questions sur chaque lieu et, si besoin est, je me contente de me déplacer pour obtenir le cadre que je recherche. »
Au-delà d’un appareil photo et d’un objectif, y a-t-il autre chose que M. Whisper considère comme essentiel pour une nuit dans les rues de Londres ? « Probablement un parapluie », suggère-t-il. « J’adore sortir quand il pleut. Sans oublier le désinfectant : je me retrouve souvent à m’appuyer contre des objets et à me mettre par terre pour trouver ces angles. »

Un jeu de patience
« Ce que j’ai appris au fil du temps, c’est que la photographie de rue n’a pas toujours besoin d’être spontanée. Elle peut être manipulée. Je considère les rues de Londres comme mon studio ; je contrôle autant que possible la scène. Par exemple, je trouve un cadre qui offre un arrière-plan extraordinaire, je vérifie la direction de la lumière, puis je me positionne. Lorsque je vois les gens passer à travers le cadre, je veux qu’ils soient éclairés de la même manière.
« Je peux rester là et attendre que les personnages les plus intéressants se présentent. Parfois, ce sont les couleurs qu’ils portent, ou bien le fait qu’ils tiennent un parapluie ou portent un chapeau. C’est ce qui complète ma composition. »

Le conseil que Mr Whisper donne à ses collègues photographes de rue est d’expérimenter une méthode de travail plus mesurée et plus stratégique.
« La première fois que vous voyez quelque chose qui attire votre attention, attendez et préparez-vous à ce qu’un autre moment de ce type se produise au même endroit », conseille-t-il. « J’aurais aimé le comprendre plus tôt et ne pas être aussi spontané. Ralentissez et prenez votre temps. »