Mission impossible : la photographie de paysage avec Oli Wheeldon

17.04.2025

Oli Wheeldon, photographe de nature et de paysage, évoque les défis inhérents à son métier

« Je me souviens très bien de la première fois où j’ai pris en main un appareil photo », se remémore Oli Wheeldon, réalisateur et photographe spécialisé dans la création de contenu consacré au monde naturel. « C’était à l’occasion d’un mariage. Mon oncle avait un reflex numérique qu’il avait apporté pour la soirée et je lui ai demandé si je pouvais l’utiliser. Il a accepté et je me souviens que c’est à cet instant que j’ai eu le déclic.

« J’ai aimé l’idée d’immortaliser un moment. En particulier lors d’un mariage, il y a tellement de lumières, de couleurs et de personnes, c’est l’occasion idéale pour créer des souvenirs. Avoir un appareil photo entre les mains et prendre des photos, choisir des moments et expérimenter tous les aspects de la photographie… J’étais accro. »

Peu après, Oli s’est lancé dans la création d’images. « Je ne savais pas ce que je voulais photographier à ce moment-là, je savais juste que j’aimais le processus », évoque-t-il.

Photo 2025 © Oli Wheeldon | FUJIFILM X-T30 et FUJINON XF50-140mmF2.8 R LM OIS WR, 1/400 sec – F7.1, 160 ISO

Des voyages courts et des excursions lui ont apporté un élan supplémentaire dans ce désir initial de retenir toute l’émotion d’une scène dans une seule image. « J’ai commencé à prendre des photos pendant les vacances et j’ai simplement aimé m’entraîner », explique Oli. « Comment puis-je capturer ce moment, cette lumière, la température dans un seul cliché ? »

« C’est dans ce défi que réside l’attrait de la photographie, à mes yeux, parce que c’est une tâche impossible. Vous n’y parviendrez jamais. Vous ne pouvez pas capturer un lieu dans une seule image. Le plaisir réside dans la quête, en quelque sorte. »

« Cette quête s’est étendue à la nature parce que c’est ce que j’aime : les paysages et le monde naturel. Je veux partager ce que je trouve beau, intéressant ou dramatique dans notre monde. Et cela me ramène toujours à ce défi : comment puis-je exprimer cela dans une photo ? »

Photo 2025 © Oli Wheeldon | FUJIFILM X-H1 et FUJINON XF8-16mmF2.8 R LM WR, 40 secs – F2.8, 2500 ISO

Photographier avec un but précis

Le parcours d’Oli vers la photographie et la réalisation de films à temps plein a commencé par une forme d’art bien plus ancienne. « À l’université, j’ai étudié les beaux-arts, principalement la peinture », se souvient-il. « Je peignais des paysages à partir de mes propres photos. Les réseaux sociaux furent un catalyseur dans la mesure où j’avais un endroit où montrer mes photographies. Auparavant, elles restaient sur mon ordinateur comme références, mais soudain, cette plate-forme m’a incité à partager ces fichiers. »

L’événement décisif fut le premier voyage d’Oli en Antarctique. « Pour résumer, j’avais été invité à participer à un concours pour gagner un voyage sur l’un des sept continents. J’avais dû choisir le continent et expliquer les raisons de mon choix. Jusque-là, je n’avais pas réalisé que tout le monde pouvait se rendre en Antarctique. Je pensais que c’était réservé aux scientifiques et aux explorateurs. »

« Je n’ai pas remporté le concours, mais l’idée s’est inscrite en moi ; la graine avait été semée. Je voulais aller au-delà de ce que j’avais pratiqué pendant mes vacances en famille et photographier des lieux où mes images pouvaient avoir un sens. Or il y a un important travail de sensibilisation à faire au sujet de l’Antarctique. »

« Cela ne se limite pas à la question du changement climatique. J’ai en effet découvert que le Traité sur l’Antarctique devait être renouvelé en 2041, ce qui m’a conduit à une organisation appelée 2041. Elle propose des voyages en Antarctique afin de sensibiliser à l’environnement. Lorsque j’en ai pris connaissance, j’ai immédiatement pensé : « C’est pour moi. Je dois le faire : je vais offrir mes services de photographie à cette initiative. »

Photo 2025 © Oli Wheeldon | FUJIFILM X-H2S et FUJINON XF35mmF1.4 R, 1/30 sec – F1.8, 320 ISO

À la recherche de la beauté naturelle

Depuis qu’il est devenu photographe indépendant, Oli voyage dans le monde entier pour créer des photos et des films qui incitent les personnes à aller voir la nature.

« Il s’agit de partager mon amour pour le monde qui nous entoure », explique-t-il. « Je pense que c’est l’équivalent moderne d’être peintre. Les peintres veulent montrer aux autres une vision du monde qu’ils ont sous les yeux. Ils se lèvent à 4 heures du matin, voient la lumière du lever du soleil que personne d’autre ne peut voir et ils partagent cette vision. »

« C’est un peu mon cas. Parfois, ce sont des paysages majestueux : le Yosemite ou les déserts d’Abou Dabi. D’autres fois, ce sont des détails infimes : la manière dont l’eau s’écoule autour d’une roche ou dont une feuille capte la lumière. Cela n’a pas besoin d’être gigantesque ou minuscule. L’idée est de montrer ce monde incroyable que nous habitons, dans l’espoir d’inspirer d’autres personnes à sortir et voyager. »

« C’est mon plus grand message unificateur : je veux que d’autres personnes voient le monde et l’aiment, et j’espère ainsi les amener à le protéger. »

Si les paysages majestueux constituent un pan important de son travail, Oli rappelle qu’il est possible d’apprécier tous les aspects de la nature.

« Je ne veux pas que ce soit inaccessible, jamais. Je ne veux pas vivre dans un monde exclusif », souligne-t-il. « C’est vrai, je pourrais me rendre dans un endroit aussi stupéfiant que l’Antarctique, mais je pourrais tout aussi bien sortir dans mon jardin et voir une feuille incroyable. Cela a d’ailleurs été l’un de mes moments préférés lors d’un récent événement de lancement Fujifilm. »

« J’utilisais le FUJIFILM GFX100S II avec le FUJINON GF500mmF5.6 R LM OIS WR, et j’ai photographié cette feuille. C’est l’un de mes clichés préférés : tout s’est parfaitement combiné dans une petite fenêtre que j’ai pu photographier avec un objectif massif sur un appareil photo massif. C’est une belle métaphore de ce sentiment : la beauté est partout si vous savez où regarder. »

Photo 2025 © Oli Wheeldon | FUJIFILM GFX100S II et FUJINON GF500mmF5.6 R LM OIS WR, 1/250 sec – F7.1, 500 ISO

Le meilleur équipement pour la photographie de paysage

« J’aime voyager léger avec le moins d’équipement possible, c’est pourquoi j’ai opté pour FUJIFILM à l’origine. Je voulais réduire le matériel mais améliorer la qualité d’image, alors j’ai choisi le FUJIFILM X-T1 », se souvient Oli. « L’appareil était si petit que c’en était presque choquant, mais beaucoup de mes photos préférées ont été prises avec le X-T1. »

« J’utilise mon FUJIFILM X-H2S pour tout maintenant, c’est un appareil hybride hyper puissant. Lors d’un projet récent à Tenerife, la lumière naturelle tombait progressivement alors que les lumières de la ville s’allumaient. Je n’avais pas de trépied pour prendre la photo correctement. Par contre, je savais qu’en restant suffisamment immobile et en réglant la vitesse d’obturation sous 1/20 seconde, la photo serait nette grâce à la stabilisation interne de l’image.

« J’adore la robustesse du X-H2S, je peux le transporter en vrac dans un sac. Il a parcouru les déserts, les forêts tropicales et l’Antarctique avec moi. Il a été partout, il a survécu à tout ce que je lui ai fait subir et il est toujours aussi performant. C’est un appareil photo parfait pour moi. »

Photo 2025 © Oli Wheeldon | FUJIFILM X-T30 et FUJINON XF16mmF1.4 R WR, 1/250 sec – F3.6, 320 ISO

En matière d’objectifs, Oli a trouvé le juste équilibre entre l’accès à une large gamme de longueurs focales et un faible encombrement. « J’utilise surtout des objectifs à focale fixe, si les conditions le permettent », explique-t-il. « J’utilise le FUJINON XF16mmF1.4 R WR, le XF35mmF1.4 R et le XF50-140mmF2.8 R LM OIS WR .  J’ai donc un objectif à focale fixe large, un objectif à focale fixe plus serrée et un zoom qui couvre entre 50 mm et 140 mm, ce qui est formidable, en particulier avec la stabilisation. C’est mon kit à trois objectifs

« Si je me rends dans un lieu exceptionnel, il m’arrive d’utiliser un objectif plus grand. Quand je suis allé en Équateur, j’avais le FUJINON XF150-600mmF5.6-8 R LM OIS WR et le XF30mmF2.8 R LM WR Macro pour les insectes et les objets.

« Cela dépend de la situation, mais j’ai appris à ne pas renoncer à un objectif, car la situation dans laquelle vous en avez besoin se présentera inévitablement. Je m’efforce toujours d’emporter autant d’équipement que possible avec moi. Certaines personnes emporteront un seul objectif et apprécieront le défi de tout composer avec lui, mais moi, je ne peux m’y résoudre – j’ai trop peur de manquer quelque chose ! », s’amuse Oli.

Photo 2025 © Oli Wheeldon | FUJIFILM X-H1 et FUJINON XF50-140mmF2.8 R LM OIS WR, 1/320 sec – F2.8, 640 ISO

L’approche d’un puriste

Fort de son expérience artistique, Oli a acquis un point de vue unique sur l’honnêteté en photographie. « Dans la peinture, vous comprenez jusqu’où l’artiste ira pour modifier la vision réelle parce qu’il a toute licence pour le faire », remarque-t-il. « Il peut prendre la liberté artistique de retirer un poteau de télégraphe ou une poubelle

« Les photographes de paysage, quant à eux, peuvent bien sûr le faire, mais dans ce cas, à mes yeux, ils ont un peu plus de responsabilité en matière de fidélité au lieu. Je ne voudrais pas photographier un endroit et inciter quelqu’un à s’y rendre, et une fois sur place, qu’il découvre un lieu saturé de fils téléphoniques et de câbles que j’avais éliminés de la photo », poursuit-il

« Beaucoup de gens s’octroient une liberté créative dans leurs photographies. Pour ma part, en matière de paysages et de voyages, je préfère modifier le moins possible. Il est possible que, du fait de mon expérience en peinture, la photographie m’apparaisse comme une forme d’art à part. »

« C’est l’un des souvenirs les plus marquants que j’ai de l’université. Je peignais des paysages assez réalistes et mon tuteur disait : « Pourquoi ? Que transmets-tu dans ta peinture que tu n’aurais pas pu faire avec la photographie ? »

Photo 2025 © Oli Wheeldon | FUJIFILM X-T4 et FUJINON XF50-140mmF2.8 R LM OIS WR, 1/200 sec – F4, 400 ISO

« C’était une très bonne question et je n’avais pas la réponse. J’aimais le paysage et je pensais que les gens l’apprécieraient davantage sous forme de peinture. Mais la réalité, c’est que je passais 30 heures à peindre quelque chose dont j’avais déjà une photo. C’est pourquoi je suis devenu un puriste dans mon art photographique. »

Avec le désir de refléter la véritable grandeur de la scène sur laquelle il pointe son objectif, Oli évoque les défis majeurs qui attendent les photographes de paysage.

« Je me suis rendu au Grand Canyon, je suis allé en Antarctique, tous ces lieux incroyables, et rien ne peut vous préparer à l’échelle de ces paysages. Ils sont démesurés au-delà de toute imagination. »

Photo 2025 © Oli Wheeldon | FUJIFILM X-T30 et FUJINON XF8-16mmF2.8 R LM WR, 1/500 sec – F4.5, 160 ISO

« Je me suis récemment lancé dans une approche un peu nouvelle pour moi, en adoptant un téléobjectif et en cherchant un petit détail ou un angle intéressant. Cela peut donner une idée de l’échelle lorsque l’objectif compresse les différentes chaînes de montagnes, par exemple. J’aime repérer ces petites images et compositions dans un paysage plus vaste, elles vous donnent une idée de l’échelle, de la lumière et de la texture. »

Cependant, dans de nombreux cas, la composition d’un peintre classique reste la meilleure option. « Je recherche un premier plan, un second plan et un arrière-plan, car c’est le meilleur moyen de transmettre une perception de l’échelle », explique Oli. « C’est une quête essentielle, mais, comme je l’ai dit, c’est une mission impossible. »